256 articles avec anthologie

ELLE S'APPROCHE DU MIROIR ROND...

Publié le par christiane loubier

Elle s'approche du miroir rond
comme une bouche d'enfant
qui ne sait pas mentir,
vêtue d'une robe de chambre bleue
qui s'use elle aussi.

Cheveux bientôt couleur de cendre
sous le très lent feu du temps.

Le soleil du petit matin
fortifie encore son ombre.
 
 
 
Philippe Jaccottet
Pensées sous les nuages, On voit

III CÉRÉMONIE

Publié le par christiane loubier


Il était de ceux-là qui plantent des forêts
Pour la splendeur de vivre,
Et d’élever l’aride, et l’étale, et le muet
À la hauteur où le vent les délivre !
Ah ! l’honneur de dresser
Ce qui attaque et se défend et chante,
Domine lentement la terre indifférente,
Prend sa voix et sa destinée,
Prend sa palpitation, son essor et son vol…
Et cette gloire à la fin de son temps
De s’être exprimé, lui que sa grandeur isole,
Par toute une forêt d’arbres adolescents
Et non par de vaines paroles…
 
 
 
Patrice de la Tour du Pin
Une Somme de poésie I
Le Jeu de l’homme en lui-même
 

LA CARENCE

Publié le par christiane loubier

Je ne connais pas les oiseaux,
je ne connais pas l’histoire du feu.
Mais je crois que ma solitude devrait avoir des ailes.
 
 
 
Alejandra Pizarnik
Oeuvre poétique, Actes Sud

IVRE DU SILENCE...

Publié le par christiane loubier

Ivre du silence
des jardins abandonnés
ma mémoire s’ouvre et se ferme
comme une porte au vent
 
 
 
Alejandra Pizarnik
Poésia complèta
(édition d’Ana Becciu, Lumen ed., 2000)

  

 

 

Source : http://www.fibrillations.net/Alejandra-Pizarnik-Approximations

NOËL (MADAME À MINUIT)

Publié le par christiane loubier


Madame à minuit, croyez vous qu’on veille ?
Madame à minuit, croyez -vous qu’on rit ?
Le vent de l’hiver me corne aux oreilles,
Terre de Noël, si blanche et pareille,
Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.

Au fond de la nuit, les fermes sommeillent,
Cadenas tirés sur la fleur du vin,
Mais la fleur du feu y fermente et veille
Comme le soleil au creux des moulins.
Comme le soleil au creux des moulins.

Aux ruisseaux gelés la pierre est à fendre
Par temps de froidure, il n’est plus de fous,
L’heure de minuit, cette heure où l’on chante
Piquera mon coeur bien mieux que le houx.
Piquera mon coeur bien mieux que le houx.

J’avais des amours, des amis sans nombre
Des rires tressés au ciel de l’été,
Lors, me voici seul, tisonnant des ombres
Le charroi d’hiver a tout emporté,
Le charroi d’hiver a tout emporté.

Pourquoi ce Noël, pourquoi ces lumières,
Il n’est rien venu d’autre que les pleurs,
Je ne mordrai plus dans l’orange amère
Et ton souvenir m’arrache le coeur.
Et ton souvenir m’arrache le coeur.

Madame à minuit, croyez-vous qu’on veille ?
Madame à minuit, croyez-vous qu’on rit ?
Le vent de l’hiver me corne aux oreilles,
Terre de Noël, si blanche et pareille,
Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.
 
Poème de Luc Bérimont
Musique de Léo Ferré
 
Interprète Jacques Bertin
 
 

 

JE ME PROMÈNE...

Publié le par christiane loubier

[...] Je me promène
Dans une armoire secrète.
La neige, une poignée à peine,
Fleurit sous un globe de verre
Comme une couronne de mariée.
Deux peines légères
S’étirent
Et rentrent leurs griffes [...]
 
 
 
Anne Hébert
La chambre de bois (extrait)

PoèmesÉditions du Seuil, 1960

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