256 articles avec anthologie

FUNÈBRE

Publié le par christiane loubier

Monsieur Miroir marchand d'habits
est mort hier soir à Paris
Il fait nuit
Il fait noir
Il fait nuit noire à Paris

 

 

 

Phillipe Soupault
Georgia Épitaphes Chansons

DÉJÀ SEPTEMBRE...

Publié le par christiane loubier

Déjà septembre. Les jours diminuent et nous avons l'impression
que quelque chose en nous grandit. Nous ne croyons pas que la
possibilité 
de connaître le poids des choses soit liée à la mesure des jours.

 

 

Jean Rivière
Le vent en Bas-Poitou

LA MORT EST UN DIALOGUE

Publié le par christiane loubier

La mort est un dialogue entre 

L'esprit et la poussière

« Dissous-toi », dit la mort —

L'esprit « Madame j'ai une autre espérance » —

 

La mort en doute — reprend sa plaidoirie —

L'esprit lui tourne le dos

Laissant simplement pour preuve

Un manteau d'argile

 

 

 

Emily Dickinson

Lieu-dit l'éternité, traduit par Patrick Reumaux

QUINCAILLERIE

Publié le par christiane loubier

Dans une quincaillerie de détail en province

des hommes vont choisir

des vis et des écrous

et leurs cheveux sont gris et leurs cheveux sont roux

ou roidis ou rebelles.

La large boutique s'emplit d'un air bleuté,

dans son odeur de fer

de jeunes femmes laissent fuir

leur parfum corporel.

Il suffit de toucher verrous et croix de grilles

qu'on vend là virginales

pour sentir le poids du monde inéluctable.

 

Ainsi la quincaillerie vogue vers l'éternel

et vend à satiété

les grands clous qui fulgurent.

 

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Usage du Temps, Gallimard, 1943

 

 

 

 


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De sa génération, Follain a été le premier à écrire
en dehors du surréalisme, 
sinon contre lui.
Peut-être parce que, comme moi, il avait vécu
longtemps à la campagne. 
Et la campagne d'abord,
c'est le silence. 
Le surréalisme a produit beaucoup de bruit [...]


Eugène Guillevic, dans Lire Follain, PUL, 1981



JE VOUDRAIS ÊTRE UNE PIERRE

Publié le par christiane loubier

 

                             À Claude Rivière


Je voudrais être une pierre

D'un chemin abandonné,

Une pierre bien usée

Par d'anciens passages d'hommes,

De chars alourdis de gerbes

Et de troupeaux inclinés.

 

Je voudrais être une pierre

Au sommet d'une colline,

Une pierre ronde et bleue

Au milieu des chênes nains.

Le vent pousserait sur moi

Les aiguilles des pins calmes,

L'odeur de la mer prochaine

Et sèche du romarin.

 

L'hiver, les pluies amicales

Me laveraient doucement

Et dans le chaud de l'été

Un lézard furtif viendrait

Reposer sur mon silence,

Me donner l'essence pure

D'un contact avec la vie

Suffisant pour satisfaire

Un obscur désir secret.

 




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Louis Brauquier
Écrits à Shanghaï (1941-1947)

Louis Brauquier chez lui à Saint-Mitre les Remparts
Source : http://www.louisbrauquier.com/


POUR TOUT DIRE

Publié le par christiane loubier

Je n’aurai pour tout dire

Écrit sur mon chemin

Que mon incertitude

La buée qui recouvrait la vitre

Mais jamais la fenêtre

Et jamais le chemin

 


Paul Vincensini
Extrait de C'était hier et c'est demain, Anthologie,
Éditions Seghers, « Poésie d’abord», 2004

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