256 articles avec anthologie

L'HYVER

Publié le par christiane loubier

Mes volages humeurs, plus sterilles que belles,
S’en vont; et je leur dis : Vous sentez, irondelles,
S’esloigner la chaleur et le froid arriver.
Allez nicher ailleurs, pour ne tascher, impures,
Ma couche de babil et ma table d’ordures;
Laissez dormir en paix la nuict de mon hyver.
 
 
 
Théodore Agrippa d'Aubigné
(1552-1630)
L'hyver (extrait des Tragiques)
 
Le Sieur d’Aubigné est connu pour les Tragiquespoème d'environ 9000 vers,
inspiré par les persécutions subies par les protestants. Il remanie le poème 
plusieurs fois de 1577 à 1623Théodore Agrippa d’Aubigné est également
le grand-père de Madame de Maintenon, que Louis XIV épouse en 1683.
 

 

ÉNIGME

Publié le par christiane loubier

Si tôt déjà le soir, et si tard encore le matin,
l'obscurité pénètre dans la pièce,
la neige, le brouillard comme fondement, combien
d'hivers déjà?
 
 
 
 
 
Ingeborg Bachmann
Toute personne qui tombe a des ailes
Poèmes inédits 1962-1967
Traduction de l'allemand (Autriche) : Françoise Rétif
ÉNIGME
Source de la photo :
http://www.thehorsehospital.com/past/kinokulture-past/remembering-ingeborg-bachmann-1926-1973/

LA NEIGE

Publié le par christiane loubier

Elle est venue de plus loin que les routes,
Elle a touché le pré, l'ocre des fleurs,
De cette main qui écrit en fumée,
Elle a vaincu le temps par le silence.

Davantage de lumière ce soir
A cause de la neige.
On dirait que des feuilles brûlent, devant la porte,
Et il y a de l'eau dans le bois qu'on rentre.
 
 
 
Yves Bonnefoy
Ce qui fut sans lumière, II (1987)

LA VEILLÉE FUNÈBRE

Publié le par christiane loubier

On ne fait pas de bruit
dans la chambre des morts :
on lève la bougie
et les voit s'éloigner.

J'élève un peu la voix
sur le seuil de la porte
et je dis quelques mots
pour éclairer leur route.

Mais ceux qui ont prié
même de sous la neige,
l'oiseau du petit jour
vient leur voix relayer.
 
 
 
Philippe Jaccottet
L'ignorant, Paroles dans l'air (1953-1956)

LE CERF

Publié le par christiane loubier

Enfant de la forêt reste fidèle à l'ombre,
Cerf au pied délié, ami des rois défunts,
Tu portes sur ton front la couronne des nombres
Et dans ton œil en pleurs, la vierge au doux parfum.
 
 
 
Louise de Vilmorin
L'alphabet des aveux, Fantaisies
 
 
 
 
 
 
Louise de Vilmorin (jeune)
Sa devise : Au secours !

 

APRÈS CE DÉLUGE

Publié le par christiane loubier

Après ce déluge 
j’aimerais voir la colombe 
et rien que la colombe 
encore une fois sauvée. 
 
Je sombrerais sans doute dans cette mer !
si elle ne s’envolait  
si elle n’apportait pas 
à la dernière heure la feuille.
 
 
 
 
 
 
Ingeborg Bachmann
 
Toute pesronne qui tombe a des ailes
Poèmes 1957-1961
Traduction de l'allemand (Autriche) : Françoise Rétif

 

 

 

 

Photographie :
http://www.tagesspiegel.de/kultur/spaete-entdeckung-
ingeborg-bachmanns-kriegstagebuch/1805272.html

 

<< < 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 30 40 > >>