SOIRS DU VAUCLUSE...

Publié le par christiane loubier

Soirs du Vaucluse, funèbre Provence. Les roseaux bordent

des champs de cendres où errent nos propres ombres, privées

du lait des jours. Une fois encore, la cigale chante. Une dernière

brise murmure dans les herbes. La fierté rend ses armes et

apprend à mourir. Le soir est mélodieux.

 

 

 

Albert Camus
La postérité du soleil 

 

Camus p 38 arbre 
          

           Photographie qui accompagne le poème : Henriette Grindat

 

LE BONHEUR DES ÉPAVES

Publié le par christiane loubier

La peur mouillée a éteint la bougie

Nos deux corps à pic ont coulé

 

Deux épaves de cire

Ondoyant à flot sur le désir

 

Dédaignant le brasier

Qui consume trop tôt l'horizon

 

 

 

Christiane Loubier

TU ES ASSIS...

Publié le par christiane loubier

Tu es assis

devant le métier haut dressé de cette harpe.

 

Même invisible, je t'ai reconnu,

tisserand des ruisseaux surnaturels.

 

 

 

Philippe Jaccottet
À la lumière d'hiver

 

 

PAROLES SOUS LES ÉTOILES

Publié le par christiane loubier

C’est toujours dans un jardin

Que je pense à toi

Devant la fontaine

Où les grenouilles

Endorment les étoiles

 

Nous parlions tout bas

Avec des mots sans amour

Avec des mots libres

 

Nous parlions tout bas

Des nuages ronds de mémoire

Du soir qui se rend

Dans la pliure des feuilles

 

Jamais parole

N’eut autant

Goût de rosée

 

Jamais la nuit

Ne fut autant

Langage et amie

 

 

 

Christiane Loubier

 

JE CONSERVE ENCORE...

Publié le par christiane loubier

Je conserve encore, comme une stupeur
Où l’enfance survit
Moitié de l’enthousiasme
Qui est le mien car il le fut déjà

Parfois je me fais presque honte
De croire autant ce que je ne crois pas.
C’est une variété de rêve
Avec le réel au milieu.

Tournesol au penchant illusoire
À l’entour du centre muet,
Il parle, jaune, stupéfait
Du centre noir qui est tout.

 

Fernando Pessoa
Cancioneiro, Poèmes 1911-1935. Traduits du portugais par Michel Chandeigne et al.

<< < 1 2 3 > >>